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Droit constitutionnel, Histoire des institutions, Gestion publique… Autant d’enseignements théoriques dispensés lors du cursus universitaire de Sciences Po, l’ENA ou Polytechnique. Autant de savoirs accumulés pour qui souhaite embrasser une carrière politique, caresser l’espoir d’un poste à responsabilités et jouir des plus hautes fonctions de l’État.

Présence sur le terrain, disponibilité, écoute et proximité avec la population… Autant d’attitudes caractéristiques d’un autre type de parcours, plus local, plus tangible, axé sur l’expérience d’une vie au contact des citoyennes et des citoyens. Autant de liens intimes tissés par celles et ceux désireux de séduire l’électorat, effleurer le désir d’un scrutin favorable et se répandre en autosatisfactions.

Et pourtant, aucun de ces deux itinéraires ne semblent aujourd’hui nécessaire ni suffisant pour cheminer sur la route du succès politique. En effet, la démocratie dite représentative n’exige plus une parfaite connaissance de ses rouages, ni une expérience concrète de la vie en collectivité. Pour s’attirer ses faveurs, encore faut-il savoir exciter ses penchants voyeuristes en courtisant la seule majesté trouvant grâce à ses charmes : la notoriété, si bien renommée par le poète Georges Brassens, déesse aux cent bouches.

Ainsi, quelle désolation de constater que lors des dernières élections législatives, d’obscurs candidats d’insignifiantes circonscriptions semblaient encore mu par l’ambition stérile de servir l’intérêt général. Vierges et innocents, jamais ils n’ont paru en possibilité d’attirer vers eux le regard pénétrant d’avides caméras. Impuissants face à ces muses de l’information pourtant si gourmandes d’égéries médiatiques. Incapables d’imiter leurs illustres modèles susceptibles d’échanger une minute au vingt heures contre un tweet détaillant leur accès de jalousie, leur photo de vacances ou leur dernière coloscopie.

À leur décharge, il n’existe aucune école spécialisée dans le domaine de l’exhibitionnisme républicain. Aucun établissement dans lequel le cours de Beauferie décomplexée serait dirigé par Nadine Morano, celui de Vacuité peoplisante par Valérie Trierweiller, et celui de Provocation xénophobe par Éric Zemmour. Aucune institution de ce type financée par TF1 et dirigée par Jean-Marc Morandini.

Ainsi doivent-ils agir en autodidacte de l’obscénité. En gardant toujours à l’esprit que les médias s’intéressent exclusivement aux parlementaires qui sont médiatiques parce que les médias en parlent parce qu’ils sont médiatiques. En un cercle forcément… vicieux.

 

Guillaume Meurice

24/06/2012

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