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Monopole du coeur

trierweiler-600x360« L’amour est enfant de bohème. Il n’a jamais, jamais connu de loi ». Celui que porte le président de la République Française à sa « première dame » non plus. En effet, dans la Constitution, il n’existe aucune mention d’un statut particulier de l’élue du cœur de l’élu du peuple.

Qu’il soit gay ou qu’elle soit une femme hétérosexuelle, il n’existe pas non plus de notion de « premier homme ». Qu’elle ou il ne soit pas amoureux mais n’en goûte pas moins les plaisirs de la chair, pas davantage de notion de « courtisane », « amant », ou de « plan cul régulier ». Dès lors, puisqu’il n’existe pas, difficile de déboulonner ce statut.

Pourtant, en réalité, cette personne jouit du confort du palais de l’Élysée, d’une protection policière spécifique, et d’un personnel attitré. Un coût supporté par les finances publiques. Des dépenses intégralement prises en charge par des contribuables dont le pouvoir d’achat en fait les frais.

Une coutume qui a inévitablement du mal à convaincre une opinion publique jalouse et envieuse de tant d’égards exclusifs. Une « tradition républicaine » qui perdure, en toute logique, puisque l’abus de bien social fait partie des habitudes des plus hauts dirigeants de ce pays.

Pour pallier cet embarras, une des solutions consisterait à soumettre au suffrage universel le choix de la personne partageant la vie du chef de l’État. Pourquoi pas, via une émission de télévision, par SMS surtaxés ? Car si l’occasion de renflouer ainsi les caisses de l’État semblerait salutaire, la pratique démontre en outre que l’électorat est souvent moins prompt à participer aux scrutins organisés par l’État que par ceux proposés sur NRJ 12.

Par la suite, il suffirait de déterminer constitutionnellement les fonctions propres à cette nouvelle personnalité ainsi légitime. Simple rôle protocolaire ou véritable implication dans la vie politique de la nation ? Un nouveau cadre législatif assemblerait ainsi les droits et les devoirs conjugaux.

Une autre solution consisterait à considérer que ce qui demeure du domaine privé n’a aucune vocation à impliquer l’ensemble des citoyennes et des citoyens d’un pays. Que la seule histoire d’amour digne d’intérêt au sommet de la Vème République doit concerner, comme le rappelait Charles De Gaulle, la rencontre d’une personnalité et de son peuple.

Et que si ce dernier ne t’aime plus, cher dirigeant, chère dirigeante, à l’inverse de la délicieuse Carmen de l’inspiré Bizet : « Prends garde à toi » !

 

Guillaume Meurice

01/02/2014

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Sans-abris atomiques

fukushima_cleaning_photo_IAEA-Imagebank-620x450Enfin un gouvernement qui agit en faveur des plus démunis ! Enfin des dirigeants qui œuvrent pour le retour à l’emploi des chômeurs de longue durée ! En effet, au Japon, l’État a décidé de recruter des sans-abris pour réparer les dégâts causés par le tsunami sur le site de la centrale de Fukushima. Une aubaine pour ces femmes et ces hommes jusqu’alors exclus du monde du travail et des systèmes d’indemnisation du chômage. Désormais, les radiations auxquelles ils s’exposent ne sont plus celles du Pôle Emploi local.

Pas de compétences particulières requises mais un plan de carrière bien défini : celui de n’avoir d’autre choix pour survivre que de précipiter sa mort. Dans la plus pure tradition du sacrifice cher à leurs ancêtres samouraïs. À quelques différences près. Jadis, ces guerriers téméraires se faisaient hara-kiri pour laver leur honneur et leur amour propre. Aujourd’hui, c’est en sacrifiant des innocents que des gouvernants irresponsables tentent de nettoyer leur incompétence crasse.

La logique est simple : « Certains humains doivent mourir pour permettre à d’autres, plus nombreux, de continuer à vivre ». Éthiquement contestable, ce raisonnement n’a, en outre, aucune raison d’être accepté dans un cas précis plutôt que dans un autre similaire. Par exemple, pourquoi ne pas tirer une balle dans la nuque d’un humain en pleine santé afin de transplanter ses organes à plusieurs malades en attente de greffe ? D’ailleurs, pourquoi ne pas commencer par le premier ministre japonais, dont le bilan de santé est, paraît-il, très satisfaisant ?

D’autres questions restent également en suspens. Parmi elles, « quel sens peut encore avoir encore l’épithète « civilisé » qualifiant un pays cautionnant un tel procédé ? ». « L’empire du soleil levant se tournera-t-il définitivement vers les énergies renouvelables, ou s’engagera-t-il plus en avant dans cette impasse qui consiste à produire de l’électricité de façon archaïque et dangereuse ? ». « Jusqu’à quand les principales puissances économiques de la planète continueront-elles à jouer avec le feu nucléaire ? ».

Car nul doute que ces emplois constituent des « emplois d’avenir ». Non que celles et ceux qui occupent ces postes de nettoyeur  soient destinés à une très longue évolution professionnelle. Mais bien parce qu’avec la prolifération des réacteurs nucléaires à travers le monde, les promesses d’embauche dans ce secteur seront tenues. De quoi permettre aux individus jusqu’alors exclus, un retour rapide dans la vie active. Voire radioactive.

 

Guillaume Meurice.

18/01/2014

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Liberté d’oppression

DieudonnéHalte !! Arrêtez tout !! La liberté d’expression est en danger. D’aucuns voudraient la mettre à bas, l’anéantir, l’exterminer. À coup de censures, de condamnations. À coup de procès parfois d’intention. Le jour serait proche où il ne sera même plus permis de dire que l’on n’a plus le droit de ne rien dire.

Ah qu’il semble loin le temps béni des colonies d’apprentis humoristes qui testaient leurs saillies drolatiques à même le pavé, interpellant ça et là l’individu à la couleur de peau un peu trop foncée, à la kipa un peu trop visible,  à la démarche un peu trop efféminée. Un droit fondamental à la vindicte goguenarde que quelques esprits mal éclairés auraient tantôt fait disparaître au nom de celui des Lumières.

Dès lors, la scène resta le seul endroit où il eut été possible de s’exprimer librement, sans contrainte et sans crainte. La scène, c’est précisément le terrain de jeu où quelques humoristes, garants de la lutte contre la tyrannie bienpensante, s’acharnent à dire tout haut ce que beaucoup n’osaient même plus penser tout bas.

« Les arabes sont des terroristes », « Les roumains sont tous des voleurs », « les juifs contrôlent le monde » sont les thèmes récurrents qui réjouissent un public venu en masse acclamer le génie de la provocation, l’éloquence du politiquement incorrect. Leur muse est la xénophobie. Leur xénophobie amuse.

Peut-être peut-on simplement reprocher à ces artistes audacieux d’être quelque peu frileux à l’idée de franchir l’ultime limite. Car l’expression scénique, dans sa quête de liberté totale, doit-elle se limiter au seul usage d’une prose débridée ? Pourquoi ne pas imaginer des scènes de violences physiques et contraintes qui feraient hurler d’effroi les dépositaires de l’ordre moral, et de joie ses pourfendeurs ?

Peut-être est-ce là le prochain défi du spécialiste en dérapages parfaitement contrôlés, aujourd’hui au cœur de l’actualité et des centres d’intérêts du ministre de l’Intérieur : Dieudonné M’bala M’bala. Plusieurs fois condamné par la justice pour, entre autres, « diffamation publique à caractère racial », certains vont jusqu’à se demander s’il est encore légitime de le présenter comme un humoriste. À en croire la vigueur avec laquelle il défend la liberté d’expression en même temps que les régimes politiques les plus répressifs en la matière à travers le monde, force est de constater l’évidence : il fait rire.

Mais de plus en plus à ses dépens. Car en coulisses, les déclarations se font obscènes. Plus de doute possible sur ses réelles convictions. Précisément parce que le prétendu humoriste n’est pas n’importe qui, on ne peut plus rire du tout.

 

Guillaume Meurice

28/12/2013

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Auto sapiens

imagesLes piétons sont des cons. Bernard le sait. Bernard est l’heureux propriétaire d’un 4×4 flambant neuf. À l’abri dans l’habitacle, il se sent en parfaite sécurité. Tel le mollusque qui choisit comme domicile une rassurante carapace. D’ailleurs lorsqu’il s’éloigne de son véhicule, il se sent comme l’ermite, Bernard.

Bernard n’est pas seul. Il fait partie de cette nouvelle espèce rassemblée sous l’appellation « Automobilistes ». Le chaînon manquant entre l’Homme et la machine. Entre le déterminisme biologique et le signe extérieur de réussite sociale. Consignant une nouvelle page de la mythologie moderne, il est le nouveau centaure, mi-homme mi-cheval vapeur.

Il y a quelques semaines, Bernard et ses amis ont perdu l’une de leurs idoles. Un certain Paul Walker. Le bien mal nommé fut l’acteur principal d’une saga cinématographique sans rapport avec la randonnée pédestre, mais bel et bien avec le culte de la vitesse et de la puissance automobile. La rencontre entre un poteau et une Porsche, dans laquelle il avait pris place, scella définitivement son lien indéfectible avec cette dévotion. « Qui vit par l’épée périra par l’épée » affirme le proverbe. De même, « Qui vit du culte de la vitesse et de la puissance périra par le culte de la vitesse et de la puissance ».

Vouloir vivre comme Alain Prost et mourir comme Lady Di, c’est le risque assumé par les congénères de Bernard. Conscients du danger, ils n’en demeurent pas moins les nouveaux chevaliers bravant les périls des sorties de piste prématurées. S’exposant aux risques de condamnation à perpétuité paraplégique sur un fauteuil qui donne un tout autre sens à l’injonction « Roulez jeunesse ! ».

Évidemment, sur leur route, ces héros des temps modernes rencontrent encore des adversaires brandissant hypocritement de sacro-saintes règles de vie commune. Des piétons, pour la plupart, revendiquant un meilleur partage de l’espace public, souhaitant chasser Bernard et ses complices des centres-villes, limiter leur liberté d’expression à 30 km/h dans certaines zones, leur faire la guerre à coup d’arguments triviaux et de procès verbeux.

Il pensait à tout ça, Bernard, lorsqu’il a garé son 4×4. Il y songeait encore en traversant l’avenue à l’instant précis où Michel testait les capacités d’accélération de son nouveau bolide. Un corps projeté en l’air. Deux vies foutues en l’air. Michel le savait : les piétons sont des cons.

 

Guillaume Meurice

24/12/2013

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Unique ta race !

safrica_2189000bSelon la fameuse expression, « un raciste est quelqu’un qui se trompe de colère ». Un raciste est quelqu’un qui établit une hiérarchie entre différentes races humaines, qui pourtant n’existent pas au sein de notre espèce. Un raciste est donc avant tout quelqu’un qui se trompe de vocabulaire.

En effet, un consensus scientifique admet qu’il peut exister davantage de différences génétiques entre deux individus issus d’un même sous-groupe humain qu’entre deux individus de deux sous-groupes différents. Plus de différences entre deux papous de Nouvelle-Guinée qu’entre Marine Le Pen et le Mollah Omar. Par exemple, en cas de transfusion sanguine, un pygmée peut sauver la vie d’un skinhead. De même que ce skinhead peut mourir s’il en reçoit d’un de ses frères au groupe sanguin non compatible, quand bien même il serait son frère de sang.

Dès lors, il convient d’abandonner le vocable « racisme » au profit d’un autre désignant beaucoup plus précisément un phénomène lié à une pathologie bien spécifique. La peur panique et irraisonnée de la différence : la xénophobie. Une maladie mentale malheureusement très répandue, accentuée le plus souvent par l’ignorance des processus biologiques. Fâcheux lorsqu’on prétend la supériorité de certaines caractéristiques. Gênant lorsqu’on parle de gène.

Pour pallier son angoisse, l’individu touché par ce symptôme développera un besoin irrépressible de dominer celles et ceux dont il perçoit uniquement les dissemblances. Allant même jusqu’à s’attribuer des signes distinctifs qu’il ne possède pas. C’est ainsi qu’il peut évoquer sa fierté d’appartenir à la « race blanche », faisant ainsi référence à sa prétendue couleur de peau. Alors qu’il devrait plutôt parler de race « rose pâle ».

Seul un traitement pédagogique permettrait d’endiguer cette épidémie qui sévit sur tous les continents, au delà des clivages culturels et géographiques, prouvant une fois de plus l’homogénéité de l’Homo sapiens. Le regretté Nelson Mandela avait parfaitement assimilé cela en refusant d’engager une démarche vengeresse vis à vis de ces anciens tortionnaires. Sachant précisément que cette répression aurait alors consisté en une répression contre lui même.

Car détester la prétendue race des autres revient à détester la prétendue sienne. Selon l’adage suicidaire : « Hais ton prochain comme toi même ».

 

Guillaume Meurice

14/12/2013

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Il était une foi…

KIPPA-1L’histoire débute paradoxalement avant elle même. À une époque appelée la préhistoire. C’est durant cette période qu’apparaissent les premiers signes de superstitions de la part de l’Homo sapiens. Plusieurs centaines de milliers d’années plus tard, nombreux sont encore nos contemporains capables de s’imaginer qu’une amulette, le sacrifice d’un poulet ou une quelconque prière aideront à obtenir les faveurs d’un collègue de bureau récalcitrant, une guérison inespérée, ou l’élection de François Bayrou aux élections présidentielles.

Des élections présidentielles françaises qui garantissent l’accès au pouvoir d’une République soit disant laïque depuis la loi de 1905 relative à la séparation des églises et de l’État. C’est pourtant coiffé d’une kippa, symbole ostensible de la pratique du judaïsme, que François Hollande a été aperçu récemment en Israël. Un signe de respect vis à vis de l’obédience de ses hôtes ? Qu’en sera-t-il alors si, par bonheur, il rend visite à la tribu des Maoris qui se tatouent le visage au nom d’autres croyances non moins respectables ?

Ne serait-ce pas davantage aux personnes accueillant un invité d’accepter et de prendre en considération son intégrité morale ? Lors de la réception à l’Élysée du représentant d’un pays musulman, il paraitrait pour le moins déplacé de lui proposer des pieds de cochon au menu. Mettre son convive à l’aise semble la première des politesses et la moindre des élégances. Une attitude radicalement différente de celle qui consiste à le rendre responsable d’une faute diplomatique s’il ne se plie pas à la coutume spirituelle locale. De lui faire porter le chapeau.

La laïcité n’est pas la négation de toutes les religions mais la condition de leur cohabitation pacifique au sein d’un même territoire. Ainsi, le chef de l’État français se doit de demeurer inexorablement impartial et neutre vis à vis de toutes les confessions. Ceci afin de ne pas laisser le Front National travestir cette valeur fondamentale en islamophobie ou en antisémitisme au nom de la nostalgie d’une France chrétienne. Ainsi que pour montrer l’exemple aux pays encore sous le joug d’une constitution basée sur un droit flanqué d’un caractère « divin » dont le sens propre n’a jamais été autant éloigné du sens figuré.

Car lorsque l’on observe l’état du monde, force est de déplorer que les divinités, censées régner sur lui, semblent fort peu miséricordieuses, tolérantes et bienveillantes. Jugeant des êtres sans se soucier de leur bien-être.

Morale de l’histoire : L’homme a fait les dieux à son image.

 

Guillaume Meurice

30/11/2013

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Le mal et ses racines

1781746_3_e878_eric-garde-le-sac-de-nacer-au-square-de-la_dae06cb43e321aca17228e8f8fa067f4Un marronnier. Dans le jargon des journalistes, ce vocable désigne une information consacrée à un événement répétitif, donc prévisible. Le poids des cartables à chaque rentrée scolaire. Les crèmes anti UV à la veille des vacances. Le changement d’heure,  les vendanges, les cadeaux de Noël. Des actualités intemporelles mais récurrentes. Des nouvelles qui n’en sont plus.

À cette période de l’année, chaque rédaction se prépare ainsi à déplorer le décès du premier sans-abri de l’hiver. Une habitude dans le pays des droits de l’Homme, dont celui de mourir dans une glaciale indifférence. Un journaliste prendra une mine encore plus austère qu’à l’accoutumée pour tenter de feindre l’émotion, de nier l’évidence : en France, on ne meurt pas de froid. On meurt de ne pas avoir de toit.

Deux millions de logements vacants sur l’ensemble du territoire permettraient pourtant à quelques individus de s’abriter des rigueurs de la rue. Des individus en situation précaire comme le stipule le célèbre euphémisme. Des individus en danger de mort, comme il serait honnête de les qualifier. Davantage l’été que l’hiver selon les statistiques. Les températures n’étant pas responsable du climat d’individualisme ambiant.

Pourtant, une législation très précise existe. La loi de réquisition, à laquelle chaque préfet peut se référer à tout moment, permettrait d’endiguer cette extermination silencieuse. Même si elle ne règlerait pas le problème définitivement, du moins répondrait-elle provisoirement à l’urgence. Quitte à fâcher quelques propriétaires peu scrupuleux qui préfèrent spéculer que louer. Quitte à rompre avec la tradition d’impuissance et d’inutilité des hauts fonctionnaires.

Un autre texte, disponible dans l’arsenal juridique français, a pour principal objectif la guerre contre l’isolement social des plus démunis : la fameuse loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite loi S.R.U. Elle impose à de nombreuses villes répondant à certains critères, notamment un nombre minimum d’habitants, la mise à disposition d’un minimum de 20% de logements sociaux. Une règle souvent bafouée par les communes préférant payer les amendes en attendant cette loi amendée.

Faible avec les forts et forts avec les faibles. Tel pourrait être la devise des gouvernements qui se succèdent à la tête de la République. Un véritable État providence mais seulement pour les grandes firmes et les privilégiés de ce pays. Un État qui peine à s’intéresser à celui des plus mal lotis. Un État désespérant pour des gens dans un état désespéré.

Un État et un état qui poussent certain de nos concitoyens, tel ce sans-abri de 45 ans, en juillet dernier, à se pendre à un arbre. Un marronnier ?

 

Guillaume Meurice

17/11/2013

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Question de vie ou de moeurs

807602-968665À l’heure de la mondialisation, difficile pour les peuples du monde entier de conserver leurs rites, leurs traditions séculaires. Des habitudes perpétuées au fil des siècles pour le plus grand bonheur des amateurs de particularismes identitaires. Face aux interrogations suscitées par une société globalisée, elles apportent des réponses rarement remises en question.

Il en est ainsi d’une coutume locale des îles Féroé, archipel farouche et sauvage exilé au large du Danemark. Tous les ans, des centaines de personnes se réunissent dans une crique pour s’adonner à un singulier spectacle : se ruer sur des bancs de dauphins, armés de toutes sortes d’objets contondants, dans le seul et unique but de blesser mortellement les cétacés. Ceci dans une mer qui, au fur et à mesure, rougit de honte, et dans un climat de fête et de communion avec la nature. Plus précisément contre la nature.

Dans nos civilisations policées autant que policières, il est devenu difficile de se défouler à peu de frais. Qui plus est sur des êtres sensibles et pacifiques dont on ne risque aucune vengeance, ni rancune en retour. Qui plus est dans un cadre rendu légal par le folklore hérité des ancêtres. L’extermination de dauphins à la machette et à la barre à mine permet cette catharsis tout en faisant la nique à ceux qui crient Sus aux coutumes !

Évidemment ce spectacle ne va pas sans susciter quelques réactions indignées parmi les défenseurs de la cause animale. Mais combien parmi eux ont réellement assistés à cette cérémonie ? Peut-on se forger un avis objectif sans avoir pris la peine de se déplacer pour essayer de comprendre, sans avoir vécu l’intensité de l’évènement ? Le débat est ouvert. Faut-il avoir vu ou participé à un massacre pour se forger une opinion sur ce dernier ? Comme pour la corrida. Comme pour la lapidation.

Dès lors, pourquoi ne pas imaginer d’autres types de rituels qui perdureront peut-être à travers les époques. Par exemple, crever les yeux d’un panda et le lâcher sur le périphérique parisien. Clouer un koala vivant sur une planche et lui lancer des fourchettes. L’imagination de l’Homme est sans limite dans ce qu’il a le culot de nommer la cruauté animale, la bestialité.

En attendant qu’un jour, une nouvelle coutume décrètera de couper les mains de celles et ceux qui se rendent coupables de telles abominations. Et que les garants du respect des traditions au nom de l’identité culturelle se charge de la faire respecter pour des siècles.

 

Guillaume Meurice

09/11/2013

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Tiers état européen

images« C’est à cause de l’Europe ! » demeure dans le Top 10 des réflexions les plus entendues, du comptoir des bistrots aux assemblées citoyennes, en passant par de nombreux partis politiques. L’Europe est donc paradoxalement devenue une tête de turc, alors même qu’elle refuse toujours obstinément l’entrée de ce pays en son sein.

Bâtie sur les ruines de deux guerres mondiales, cette union de nations porte un projet construit sur une sentence : « Plus jamais ça ! ». La politique, en théorie « exercice pacifié des rapports de force », devait donc permettre aux populations de chaque état d’envisager leur relation aux autres, non comme une crainte permanente, mais comme de nouvelles perspectives de partenariats. Pourtant, plus de 60 ans après la signature du traité fondateur, force est de constater que les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Et que ces espérances se sont dissoutes dans les mauvais résultats.

Chômage, récession, insécurité sociale. Aucun des pays de l’Union européenne ne semble avoir échappé à ce climat de crise, même si certains ont mieux résistés aux assauts de la finance mondiale. En ligne de mire, une gestion libérale de l’économie consistant à faire confiance au seul marché pour s’autoréguler. Un fiasco aussi total que prévisible. Avec pour cible symbolique, la monnaie unique. En effet, face à ses pourfendeurs pas avares en critiques, l’Euro n’a pas été épargné.

Pourtant, qui sont ces personnes qui mènent ce beau projet à sa perte ? Quelques puissants dictateurs ayant pris le pouvoir par la force des armes ou des représentants démocratiquement élus au suffrage universel ? Certes, pour prendre l’exemple français, le refus de la Constitution Européenne par référendum n’a pas été suivit de fait. Mais qui n’a pas respecté le souhait du peuple, sinon un ensemble de parlementaires choisi par ce même peuple ?

Frôlant des records d’abstention, les élections européennes sont régulièrement l’occasion de constater que bon nombre d’individus continuent de se plaindre d’une politique qu’ils ne paraissent pourtant pas pressés de voir bouleversée. De fait, ils laissent les suffrages exprimer leur souhait de confier le pouvoir à des gouvernants qui l’utilisent comme un outil d’enrichissement personnel, via la trahison d’un projet démocratique en un unique moyen de spéculer sur des dettes. Et ainsi peu de chance de voir les eurosceptiques se transformer en europtimistes.

Dès lors, l’ensemble des citoyens de ces pays traverse des difficultés non pas « à cause de l’Europe ». Mais à cause des électeurs !

 

Guillaume Meurice

28/10/2013

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Dommages et désintérêt

Naufrage_bateau_migrants_illegaux_LampedusaUn cambrioleur rentre chez lui après une nuit fructueuse et ferme sa porte à double tour. Le butin ainsi recueilli lui permettra de vivre un long moment à l’abri du besoin. Pour les personnes flouées, ruinées, le seul recours sera de contracter des crédits auprès… du cambrioleur lui même. Et ceci dans un cadre strictement légal. Ce cambrioleur s’appelle « les pays riches ». Ces cambriolés s’appellent « le reste du monde ».

Des siècles de dévastations, de colonisations, de pillages, dont les conséquences se mesurent aujourd’hui à l’écart dramatique des conditions de vie entre certains États. Lorsqu’un citoyen français s’estime fier de son pays, ignore-t-il les conditions dans lesquelles il fut permis à ce dernier de se développer et de prospérer ? Les dorures des palais où siègent les représentants de la démocratie en témoignent. La provenance abjecte des ors rutilants de la République est garantie à sang pour sang.

Dès lors, comment envisager « la dette des pays du Tiers monde » autrement que comme une dette vis à vis de ces pays là ? Comment continuer à réclamer de l’argent à des populations tout en étant amplement responsable de leur état de pauvreté ? Comment s’étonner que des milliers de migrants fuient la misère à bord de leur bien mal nommée « embarcation de fortune » ?

Les naufrages meurtriers à répétition au large de Lampedusa devraient alerter l’opinion publique occidentale sur l’urgence à intercéder en faveur des plus démunis.  En lieu et place, la majorité des habitants de ces pays dits « civilisés » continuent à percevoir l’étranger uniquement comme une menace. Et imaginent s’en protéger en élisant des représentants prédateurs et carnassiers qui à chaque drame, pleurent des larmes de crocodile.

Des élus qui se réfugient derrière la loi pour expulser des milliers de famille en situation précaire vers une situation bien pire. La loi. La même derrière laquelle se réfugiaient les administrateurs du régime de Vichy. La même derrière laquelle se réfugient tous les régimes totalitaires pour travestir la Justice en cachant sous ses robes tout désir de légitimité.

Pourtant, la véritable justice serait de permettre à chaque individu de ne plus être contraint de quitter famille et amis pour simplement survivre. De dédommager les victimes des errements des précédents gouvernements autrement qu’avec de la condescendance et du mépris. De décréter qu’un homme ou une femme ne se réduit ni à sa nationalité,  ni à son identité.

Ainsi, en observant la guerre que l’être humain mène contre lui même, il serait temps de se souvenir de cette réflexion du regretté Albert Jacquard, lors d’une manifestation lors de laquelle le slogan était Des papiers pour tous ! : « Ce qu’il faudrait réclamer, c’est des papiers pour personne ! ».

 

Guillaume Meurice

21/10/2013

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